Introduction à Swadhyaya, l’un des Éléments Clés de la Pratique du Yoga

Anouchka Blessed
7 min readAug 8, 2021
Auroville, Inde — Janvier 2020 ©

« Connais-toi toi-même. » Voilà le conseil intemporel et fort utile que Socrate nous a légué. Internet et les réseaux sociaux y ont ajouté un addendum : « Faites ce quiz et découvrez qui vous êtes en moins de cinq minutes. »

Bien que faire des petits quiz en ligne puisse être un bon moyen pour apprendre à se connaître soi-même de manière amusante, il est peut-être temps d’envisager d’autres voies moins superficielles pour la découverte de soi. Dans quelle mesure un quiz rapide peut-il être utile pour déceler vos blocages intérieurs, saisir vos potentiels, ressources innées, talents, traits de caractère — tout ce qui vous rend unique, ou percer que votre âme a besoin de guérison et de croissance ? Si vous êtes à la recherche d’un aperçu de votre propre nature, de votre vraie personnalité, comment un quiz trouvé sur Internet, indiquant à tous ceux qui le font qu’ils sont par exemple des procrastinateurs nés, peut-il être utile ?

Il n’y a aucune énigme ni surprise à proclamer. Les tests ou les quiz de personnalité peuvent seulement nous dévoiler ce que nous leur révélons. Leur exactitude provient entièrement de la sincérité et de l’introspection dont nous faisons preuve dans nos réponses. Je dois vous avouer que je n’apprends rien de particulier sur moi-même lorsque, par exemple, le résultat montre que je suis une grande procrastinatrice.

Plus une date limite s’approche, plus mon espace est rangé et méticuleux. Je peux passer la majeure partie du temps sur des détails sans importance d’un projet ou bien tout simplement faire en sorte d’éviter de travailler sur le projet, tout cela pour me hâter de le terminer à la dernière minute. Chose curieuse, j’ai la ferme conviction que je suis plus performante sous pression, jusqu’à ce que je me retrouve dos au mur.

Si ces comportements ne constituent pas la preuve que je suis possédée par un diablotin qui avale mon temps précieux ou qu’un gobelin s’amuse à détourner mon cerveau pour me forcer à regarder des vidéos sur YouTube l’une après l’autre au lieu de travailler, je n’ai absolument aucune idée de ce qui pourrait me mettre la puce à l’oreille et expliquer mes étranges agissements !

Veuillez m’excuser, qui parmi vous affirme que ce n’est ni un gobelin ni un diablotin la cause de ma procrastination ?

Hé ! Je ne suis pas folle. Je sais bien que ce ne sont pas eux. C’est l’Univers qui me dit que ce n’est pas le bon moment pour faire les choses. Je n’ai rien à voir avec tout cela… (faux sourire forcé).

Mais alors, quelque chose de magique et de merveilleux arrive. Je fais un petit quiz, et voilà ! La vérité se révèle enfin à moi. Surprise ! Je suis une procrastinatrice. Attention, une procrastinatrice certifiée en bonne et due forme. Anouchka Blessed, Doctorante en Procrastination. Doux Jésus, je vous le jure, je n’avais pas connaissance de ce souci avant d’avoir fait ce test.

Étrangement, bien que nous passions un temps disproportionné avec nous-mêmes, il est remarquablement difficile de développer une compréhension exacte de qui nous sommes, de comment nous fonctionnons, de ce que nous voulons, de comment nous ressentons les choses et de comment nous réagissons. Ce manque de connaissance de soi peut être extrêmement dangereux. Cela nous achemine tout droit vers de mauvaises relations, des métiers insatisfaisants, nous détourne des choix intelligents et nous accule à rester coincé dans des situations malsaines.

J’ai commencé à mener une petite investigation dans le domaine des rencontres en ligne, afin de vérifier quel était le degré de connaissance que les gens avaient d’eux-mêmes. Voici donc ce que je peux retirer de mes techniques interrogatoires de la Gestapo — entièrement acceptables sous les règles de la Convention de Genève.

Concernant ma série de questions destinées à minimiser les risques de tomber sur un cas social, j’ai choisi ma préférée : « Qui vous connaît le mieux ? ».

Il m’est arrivé de recevoir invariablement les réponses suivantes :

« Ma mère » (oups, un fils à Maman), « mon ex-partenaire » (cours Forest, cours !), ou bien, « Je dirais que mon meilleur ami me connaît vraiment très bien. »

Personne ne m’a donné la réponse « Google » ou « Facebook », bien que cela aurait été tout à fait correct. Google piste et prévoit nos trajets, nos rendez-vous et nos intérêts sur le web, tandis que Facebook garde un œil sur nos humeurs, notre personnalité, nos goûts et nos croyances. Ils savent une pléthore de choses sur nous !

Bref, après cette petite parenthèse, revenons donc à nos moutons. Ma petite expérience qui n’avait rien de scientifique n’est arrivée à aucune conclusion tangible, en dehors du fait que j’aurais désespérément aimé entendre la réponse « moi, moi-même ».

Cela peut être vrai, les conversations profondes que vous avez avec votre meilleur(e) ami(e), en regardant le ciel étoilé, une bière à la main, en vous posant des questions existentielles (« Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? ») peuvent renforcer le lien entre vous. Soit. Votre meilleur(e) ami(e) sait sans doute beaucoup de choses sur vous ; vous partagez tout avec lui ; vous sentez qu’il n’y a aucun secret entre vous. Il ou elle connaît vos moments les plus embarrassants, ce qui vous garde éveillé(e) la nuit, ou bien sait si vous croyez aux âmes sœurs, etc.

Mais, en réalité, vous ne lui avez probablement pas divulgué vos secrets les plus enfouis. Vous gardez certaines choses pour vous car vous craignez l’idée d’être jugé(e) ou bien de choquer votre ami(e) avec ce qui se passe dans votre tête. D’ailleurs, laissez-moi vous reformuler ma question d’origine : y a-t-il une personne qui vous connaisse par cœur, sans que vous ayez à dire quoi que ce soit ?

Pour dire les choses sans détour, personne ne vous connaît mieux que vous-même. Votre ami(e) n’est pas à votre place et il ou elle ne voit certainement pas les choses de la même manière que vous.

Je ne peux nier qu’il existe certains aspects de notre personnalité que d’autres savent sur nous, sans que nous en soyons forcément au courant. De plus, notre compréhension de nous-même est obstruée par des angles morts et, parfois, de parfaits étrangers arrivent à percevoir une multitude d’indices sur qui nous sommes. Les humains sont des créatures complexes. Mais je ne peux non plus m’empêcher de valider l’affirmation de Nietzsche : « Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, nous qui cherchons la connaissance ; nous sommes inconnus à nous-mêmes. À cela il y a une bonne raison : nous ne nous sommes jamais cherchés. »

Il s’avère en fait que Nietzsche et Socrate étaient des yogis !

« Se connaître soi-même » ou Svadhyaya, est l’une des pratiques fondatrices du yoga. « Svadhyaya » signifie l’apprentissage des textes anciens ainsi que l’apprentissage de soi-même. Il s’agit d’une invitation à l’introspection. Plus encore, une demande à s’immerger dans les profondeurs de votre propre âme. Cette notion possède le potentiel d’approfondir votre pratique du yoga bien au-delà du tapis.

Bien que la conscience de soi, Svadhyaya, savoir qui nous sommes, soit essentiel pour presque tout (la réussite professionnelle, les relations amoureuses, etc.), la plupart des gens ne se posent jamais vraiment les questions profondes qui les amèneront vers une meilleure connaissance de soi : « Qui suis-je ? Comment devrais-je vivre ? ». Au lieu de cela, le cours de leur vie est largement déterminé par les normes culturelles et les valeurs auxquelles ils adhèrent sans remise en question. Une des raisons pour lesquelles les gens ne s’attardent pas sur ce genre de question est qu’elle requiert un regard intérieur et une analyse profonde de leur vraie nature ainsi que des valeurs qui dirigent leur vie.

L’importance de l’introspection a été mise en valeur dans la déclaration la plus célèbre de Socrate : « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ». En d’autres termes, la vie d’une personne ne vaut pas la peine d’être vécue si elle ne cherche pas à vivre une vie intègre et juste. Socrate était pleinement immergé dans la philosophie et c’était son mode de vie. Il avait d’ailleurs préféré accepter sa propre mort plutôt qu’abandonner ses principes. Quel mec !

J’ai trouvé quelques similitudes entre les enseignements de Socrate sur l’introspection et ceux de Krishna dans les écrits yogiques de la Bhagavad Gita, dans lesquels le héros se retrouve face à des questions fondamentales sur la meilleure façon de vivre. Malgré les différences dans la manière dont les choses sont abordées, ces deux enseignements soulignent l’importance d’analyser sa propre vie pour lui trouver un sens. Il s’agit d’un élément important car en fin de compte, ce n’est qu’en nous efforçant de nous connaître et de nous comprendre que notre vie prend vraiment tout son sens.

En règle générale, vous devez vous connaître pour trouver et appliquer la solution qui convient le mieux à votre problème ou votre situation particulière.

La prise de conscience est la première étape à franchir pour la résolution des difficultés.

Alors, une fois que vous avez découvert une facette de vous-même, qu’en faites-vous ?

Longue vie à la procrastination. Gardons cela pour un autre jour ou un autre mois. Ou bien, vous savez, une autre fois.

~ À suivre… ~

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Anouchka Blessed

I have worn many hats. But truly speaking, I am best at being myself, without any label. Sharing personal growth insights and my life experience.